Cette fois ça y est, mon voyage touche à sa fin... Je passe mes derniers jours sur Koh Lanta dans la maison qu'occupe Nuat, pratiquement au centre de l'île, sur une colline noyée dans la jungle; Un endroit tranquille à l'écart de tout, où l'on peut même voir de temps à autre un groupe de macaques venir batifoler dans les arbres tout proches.
Il m'aurait fallu bien plus de temps encore pour explorer ce pays, par exemple pour voir le Mékong, qui fait frontière avec le Laos, ou pour voir ce fameux pont sur la rivière Kwai (qui en réalité, n'en déplaise aux scénaristes d'Hollywood, est la rivière Nam Khwae Yai), et j'aurais bien fait un tour aussi du côté de Kuala Lumpur, et puis, et puis... Je pourrais continuer ainsi indéfiniment, mais il faut bien rentrer un jour...
J'ai décidé de retourner à Bangkok en avion, n'ayant pas du tout envie de me retaper douze heures de bus conduit par des psychopathes; c'est le triple du prix, mais j'y suis en un peu plus d'une heure. Et puis il faut que je voie un médecin; j'ai fait une chute à Koh Phi Phi de nuit sur un chemin non éclairé en regagnant mon bungalow à flanc de colline, et le tapis de ronces qui m'a réceptionné m'a aussi déchiqueté comme si j’étais tombé dans un mixer. Une de ces blessures, à une jambe, est en train de s'infecter, et la crème antibiotique que m'a vendu un pharmacien à Koh Lanta semble inefficace.
Il y a justement un hôpital tout proche de mon hôtel, et je m'y rends en pensant tomber sur un petit établissement de quartier, pour une petite consultation de quelques minutes. En fait, j'ai choisi sans le savoir l'une des meilleures et plus grandes cliniques privées du monde: 21 étages, près de mille lits, une organisation hallucinante pour gérer un flot de patients ininterrompu venus du monde entier... Adieu ma petite consultation de cinq minutes. Une fois happé, digéré et recraché par la machine paperassière, je me retrouve dans le cabinet d'un médecin Sikh, charmant et cultivé, qui après avoir jeté un coup d’œil sur le massacre décide qu'il faut enlever les parties infectées et commence illico à m'écorcher vif.
Je ressors de là en clopinant à la fin de la matinée, bandé, désinfecté, et bénéficiaire d'un rappel antitétanique tout frais, d'antibiotiques, et d'un rendez-vous chaque matin jusqu'à mon départ pour nettoyer la blessure et changer les pansements... Adieu la visite de Bangkok, qui une fois de plus se refuse à moi comme une pucelle effarouchée; je peux à peine marcher alors qu'il y a des kilomètres à parcourir. A la place, je fais connaissance du système médical de pointe de la ville (et heureusement pour mon compte en banque d'un prix ridicule), et de mon chaleureux médecin (qui a déjà voyagé quasiment partout... Sauf en Amérique Latine), qui connaît pas mal la Suisse, son fils étudiant à Crans-Montana!
En tout cas c'est un coup de chance d'avoir choisi un hôtel aussi proche de cette clinique, sur recommandation de Nuat dont c'est le lieu de séjour de prédilection à Bangkok. Et il faut dire que l'Atlanta Hotel est une attraction touristique à lui tout seul; il suffit d'ailleurs d'aller sur son site web pour s'en rendre compte. Construit dans les années 50 par un berlinois, le Dr Max Henn, il fut le premier hôtel en Thaïlande à disposer d'une piscine, située au fond d'un grand jardin, et son foyer, jamais rénové, vous propulse directement dans le passé. Il y a toujours là quelques secrétaires à disposition des écrivains en herbe, et d'ailleurs les vitrines regorgent d'ouvrages rédigés dans cette atmosphère tranquille.
Mais ce qui le rend aussi particulier, c'est surtout la philosophie peu commune (et qui perdure encore) instaurée par son créateur, rehaussé par un humour assez particulier. Partout des panneaux vous rappellent que le touriste sexuel n'est pas le bienvenu, ni les drogués, fauteurs de trouble, personnes mal élevées et enfants démesurément turbulents; et qu'en gros vous êtes jugé et condamné par le personnel, qu'en cas de doute c'est toujours l'hôtel qui a le dernier mot, et qu'en cas d'erreur vous n'aurez droit à aucune excuse. Et de toute façon, pour les prix pratiqués (qui sont au niveau d'une guesthouse de routard), vous n'avez tout simplement pas le droit de formuler la moindre réclamation: si vous n'êtes pas satisfait, on vous invite à dégager vite fait!
Et cela continue dans l'excellent restaurant attenant, lui aussi figé dans les années 50, où n'est diffusé que de la musique classique légère et des vieilles chansons des années 30. Les prix pratiqués sont ridicules, mais il n'accueille que les pensionnaires de l'hôtel; les clients extérieurs ne sont tout simplement pas admis... Et sous chaque sous-verre en papier, rappelant les règles de la maison, se trouve une petite phrase assassine du Dr Henn, qui ne manquait apparemment pas une occasion de se foutre de la gueule des clients qui ne cadraient pas avec son schéma. Un régal de cynisme croisé avec un humour à la Groucho Marx.
C'est donc là, dans cet hôtel au charme suranné, situé au milieu de la fourmilière urbaine mais au fond d'une impasse tranquille, que je passe mes derniers jours à Bangkok; il est déjà temps de refermer le livre de ce voyage bricolé à l'arrache comme jamais, plein de surprises, et comme d'habitude de découvertes fabuleuses. Je reviendrai certainement dans ce pays, ne serait-ce que pour revoir Nuat (et enfin visiter Bangkok, nom de Zeus!), et c'est la tête pleine de beaux souvenirs que je prend la route de l'aéroport.
A bientôt pour une prochaine aventure, les amis!
Il m'aurait fallu bien plus de temps encore pour explorer ce pays, par exemple pour voir le Mékong, qui fait frontière avec le Laos, ou pour voir ce fameux pont sur la rivière Kwai (qui en réalité, n'en déplaise aux scénaristes d'Hollywood, est la rivière Nam Khwae Yai), et j'aurais bien fait un tour aussi du côté de Kuala Lumpur, et puis, et puis... Je pourrais continuer ainsi indéfiniment, mais il faut bien rentrer un jour...
Une dernière petite partie de pétanque...
Il y a justement un hôpital tout proche de mon hôtel, et je m'y rends en pensant tomber sur un petit établissement de quartier, pour une petite consultation de quelques minutes. En fait, j'ai choisi sans le savoir l'une des meilleures et plus grandes cliniques privées du monde: 21 étages, près de mille lits, une organisation hallucinante pour gérer un flot de patients ininterrompu venus du monde entier... Adieu ma petite consultation de cinq minutes. Une fois happé, digéré et recraché par la machine paperassière, je me retrouve dans le cabinet d'un médecin Sikh, charmant et cultivé, qui après avoir jeté un coup d’œil sur le massacre décide qu'il faut enlever les parties infectées et commence illico à m'écorcher vif.
Je ressors de là en clopinant à la fin de la matinée, bandé, désinfecté, et bénéficiaire d'un rappel antitétanique tout frais, d'antibiotiques, et d'un rendez-vous chaque matin jusqu'à mon départ pour nettoyer la blessure et changer les pansements... Adieu la visite de Bangkok, qui une fois de plus se refuse à moi comme une pucelle effarouchée; je peux à peine marcher alors qu'il y a des kilomètres à parcourir. A la place, je fais connaissance du système médical de pointe de la ville (et heureusement pour mon compte en banque d'un prix ridicule), et de mon chaleureux médecin (qui a déjà voyagé quasiment partout... Sauf en Amérique Latine), qui connaît pas mal la Suisse, son fils étudiant à Crans-Montana!
En tout cas c'est un coup de chance d'avoir choisi un hôtel aussi proche de cette clinique, sur recommandation de Nuat dont c'est le lieu de séjour de prédilection à Bangkok. Et il faut dire que l'Atlanta Hotel est une attraction touristique à lui tout seul; il suffit d'ailleurs d'aller sur son site web pour s'en rendre compte. Construit dans les années 50 par un berlinois, le Dr Max Henn, il fut le premier hôtel en Thaïlande à disposer d'une piscine, située au fond d'un grand jardin, et son foyer, jamais rénové, vous propulse directement dans le passé. Il y a toujours là quelques secrétaires à disposition des écrivains en herbe, et d'ailleurs les vitrines regorgent d'ouvrages rédigés dans cette atmosphère tranquille.
Mais ce qui le rend aussi particulier, c'est surtout la philosophie peu commune (et qui perdure encore) instaurée par son créateur, rehaussé par un humour assez particulier. Partout des panneaux vous rappellent que le touriste sexuel n'est pas le bienvenu, ni les drogués, fauteurs de trouble, personnes mal élevées et enfants démesurément turbulents; et qu'en gros vous êtes jugé et condamné par le personnel, qu'en cas de doute c'est toujours l'hôtel qui a le dernier mot, et qu'en cas d'erreur vous n'aurez droit à aucune excuse. Et de toute façon, pour les prix pratiqués (qui sont au niveau d'une guesthouse de routard), vous n'avez tout simplement pas le droit de formuler la moindre réclamation: si vous n'êtes pas satisfait, on vous invite à dégager vite fait!
Et cela continue dans l'excellent restaurant attenant, lui aussi figé dans les années 50, où n'est diffusé que de la musique classique légère et des vieilles chansons des années 30. Les prix pratiqués sont ridicules, mais il n'accueille que les pensionnaires de l'hôtel; les clients extérieurs ne sont tout simplement pas admis... Et sous chaque sous-verre en papier, rappelant les règles de la maison, se trouve une petite phrase assassine du Dr Henn, qui ne manquait apparemment pas une occasion de se foutre de la gueule des clients qui ne cadraient pas avec son schéma. Un régal de cynisme croisé avec un humour à la Groucho Marx.
Dernier coup d’œil à la jungle de béton!
C'est donc là, dans cet hôtel au charme suranné, situé au milieu de la fourmilière urbaine mais au fond d'une impasse tranquille, que je passe mes derniers jours à Bangkok; il est déjà temps de refermer le livre de ce voyage bricolé à l'arrache comme jamais, plein de surprises, et comme d'habitude de découvertes fabuleuses. Je reviendrai certainement dans ce pays, ne serait-ce que pour revoir Nuat (et enfin visiter Bangkok, nom de Zeus!), et c'est la tête pleine de beaux souvenirs que je prend la route de l'aéroport.
A bientôt pour une prochaine aventure, les amis!
FIN
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