Après quelques heures de minibus, dont la moitié sur des autoroutes aériennes survolant Bangkok et sa banlieue, me voici donc de retour au bord de la mer, ce qui est très bien (ça commençait à me manquer une bonne étendue d'eau), dans la pittoresque cité de Pattaya, et ça... C'est moins bien!
Si la ville elle-même est loin d'être désagréable, plus on se rapproche du front de mer et plus cela tourne au bazar, chaque rue et ruelle croulant sous les hôtels, guesthouses, bars, restaurants, magasins et salons de massage - des vrais massages, certes, comme on s'en voit proposer dans tout le pays, mais là cela tourne à l'absurde avec parfois quatre ou cinq salons côte à côte dont les employées ne cessent d'interpeller chaque passant. Une fois sur le front de mer, s'ajoute à cela des centres commerciaux plus petits, mais parfois aussi rutilants que ceux de Bangkok. On se jette sur le quai pour profiter de la plage (mince bande de sable jaune recouverte d'un nombre incalculable de parasols) pour se retrouver face à une étendue d'eau brunâtre peu avenante ressemblant plus à une sortie d'égout qu'à un paradis tropical. Je suis loin d'être difficile, mais là il faudrait me payer cher pour me baigner là-dedans... Mais dans ce cas, que sont venues faire ici des familles entières de touristes? Au bout d'une semaine de ce triste spectacle, retourner travailler doit être un véritable plaisir, même si on habite Dunkerque.
Je laisse tomber les quais en me disant qu'au moins la nuit va apporter d'autres motifs de réjouissance, ne serait-ce que pour l'ambiance de folie promise, et une multitude de bars passant de la bonne musique pour attirer le fêtard et le pousser à consommer plus que des cocktails, las... La rue la plus courue, censée être un condensé survitaminé de Sodome et Gomorrhe, est arpentée par des familles avec des poussettes, des cars d'asiatiques faisant un arrêt de quelques heures appareil photo à la main; les filles des go-go bars font les pitres devant leurs établissements désespérément vides, la carte des Happy Hour du jour à la main; les travelos sont à deux doigts de kidnapper des passants pour remplir les cabarets; la musique dans les bars est tellement conventionnelle qu'il faudrait déjà être bourré pour lui porter un semblant d'attention, ou le fait de groupes Live s'époumonant devant une salle quasi déserte; et pourtant la rue est bondée de touristes tournant en rond en essayant de trouver un intérêt quelconque quelque part... Seuls peut-être quelques Russes y trouvent leur compte, deuxième ethnie la plus représentée dans cette rue après les Thaïs, qui ont certainement eu l'idée d'annexer la Crimée après avoir victorieusement annexé des dizaines de bars et restaurants le long de la rue. Pas beaucoup plus fréquentés, d'ailleurs...
Bref à une heure du matin, la situation ne s'améliorant pas, je décide de rentrer étouffer dans ma chambre d'hôtel, et de partir dès le lendemain. Pattaya est une vieille pute fatiguée qui abuse des cosmétiques mais pas assez du parfum, et qui se réveille avec un mal de crâne à 14 heures du matin... Jessica Lange l'incarnerait très bien, un verre de whisky bon marché à la main, bien qu'encore trop photogénique; Pattaya ne donne même pas envie de la prendre en photo. Si vous voulez voir de la débauche, de la vraie, il faudra chercher ailleurs, mais plus ici...
Ayant décidé de rentrer en Europe à la fin de mon visa, le temps commence à me mettre la pression, et il faut que je donne un nouveau coup d'accélérateur si, comme je le lui avais promis, je veux retourner voir Nuat une dernière fois. Je reprends un bus en direction de Bangkok, et une fois là un autre pour me retrouver de l'autre côté du Golfe de Thaïlande - une de ces passionnantes journées où le routard passe tout son temps en déplacement, le cul dans un siège. Arrivée en fin d'après-midi à Hua Hin, station balnéaire réputée et d'ailleurs la plus ancienne du pays. Effectivement sympathique, mais le bord de mer - dépourvu de plage mais alignant guesthouses et restaurant sur pilotis - commence à ressembler à un Paï urbain qui voudrait devenir Pattaya quand il sera grand...
Pas de quoi y passer plus d'une nuit. Demain, je continue ma route...
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