lundi 28 avril 2014

Last days in Atlanta

Cette fois ça y est, mon voyage touche à sa fin... Je passe mes derniers jours sur Koh Lanta dans la maison qu'occupe Nuat, pratiquement au centre de l'île, sur une colline noyée dans la jungle; Un endroit tranquille à l'écart de tout, où l'on peut même voir de temps à autre un groupe de macaques venir batifoler dans les arbres tout proches.
Il m'aurait fallu bien plus de temps encore pour explorer ce pays, par exemple pour voir le Mékong, qui fait frontière avec le Laos, ou pour voir ce fameux pont sur la rivière Kwai (qui en réalité, n'en déplaise aux scénaristes d'Hollywood, est la rivière Nam Khwae Yai), et j'aurais bien fait un tour aussi du côté de Kuala Lumpur, et puis, et puis... Je pourrais continuer ainsi indéfiniment, mais il faut bien rentrer un jour...

Une dernière petite partie de pétanque...

J'ai décidé de retourner à Bangkok en avion, n'ayant pas du tout envie de me retaper douze heures de bus conduit par des psychopathes; c'est le triple du prix, mais j'y suis en un peu plus d'une heure. Et puis il faut que je voie un médecin; j'ai fait une chute à Koh Phi Phi de nuit sur un chemin non éclairé en regagnant mon bungalow à flanc de colline, et le tapis de ronces qui m'a réceptionné m'a aussi déchiqueté comme si j’étais tombé dans un mixer. Une de ces blessures, à une jambe, est en train de s'infecter, et la crème antibiotique que m'a vendu un pharmacien à Koh Lanta semble inefficace.

Il y a justement un hôpital tout proche de mon hôtel, et je m'y rends en pensant tomber sur un petit établissement de quartier, pour une petite consultation de quelques minutes. En fait, j'ai choisi sans le savoir l'une des meilleures et plus grandes cliniques privées du monde: 21 étages, près de mille lits, une organisation hallucinante pour gérer un flot de patients ininterrompu venus du monde entier... Adieu ma petite consultation de cinq minutes. Une fois happé, digéré et recraché par la machine paperassière, je me retrouve dans le cabinet d'un médecin Sikh, charmant et cultivé, qui après avoir jeté un coup d’œil sur le massacre décide qu'il faut enlever les parties infectées et commence illico à m'écorcher vif.

Je ressors de là en clopinant à la fin de la matinée, bandé, désinfecté, et bénéficiaire d'un rappel antitétanique tout frais, d'antibiotiques, et d'un rendez-vous chaque matin jusqu'à mon départ pour nettoyer la blessure et changer les pansements... Adieu la visite de Bangkok, qui une fois de plus se refuse à moi comme une pucelle effarouchée; je peux à peine marcher alors qu'il y a des kilomètres à parcourir. A la place, je fais connaissance du système médical de pointe de la ville (et heureusement pour mon compte en banque d'un prix ridicule), et de mon chaleureux médecin (qui a déjà voyagé quasiment partout... Sauf en Amérique Latine), qui connaît pas mal la Suisse, son fils étudiant à Crans-Montana!

En tout cas c'est un coup de chance d'avoir choisi un hôtel aussi proche de cette clinique, sur recommandation de Nuat dont c'est le lieu de séjour de prédilection à Bangkok. Et il faut dire que l'Atlanta Hotel est une attraction touristique à lui tout seul; il suffit d'ailleurs d'aller sur son site web pour s'en rendre compte. Construit dans les années 50 par un berlinois, le Dr Max Henn, il fut le premier hôtel en Thaïlande à disposer d'une piscine, située au fond d'un grand jardin, et son foyer, jamais rénové, vous propulse directement dans le passé. Il y a toujours là quelques secrétaires à disposition des écrivains en herbe, et d'ailleurs les vitrines regorgent d'ouvrages rédigés dans cette atmosphère tranquille.

Mais ce qui le rend aussi particulier, c'est surtout la philosophie peu commune (et qui perdure encore) instaurée par son créateur, rehaussé par un humour assez particulier. Partout des panneaux vous rappellent que le touriste sexuel n'est pas le bienvenu, ni les drogués, fauteurs de trouble, personnes mal élevées et enfants démesurément turbulents; et qu'en gros vous êtes jugé et condamné par le personnel, qu'en cas de doute c'est toujours l'hôtel qui a le dernier mot, et qu'en cas d'erreur vous n'aurez droit à aucune excuse. Et de toute façon, pour les prix pratiqués (qui sont au niveau d'une guesthouse de routard), vous n'avez tout simplement pas le droit de formuler la moindre réclamation: si vous n'êtes pas satisfait, on vous invite à dégager vite fait!

Et cela continue dans l'excellent restaurant attenant, lui aussi figé dans les années 50, où n'est diffusé que de la musique classique légère et des vieilles chansons des années 30. Les prix pratiqués sont ridicules, mais il n'accueille que les pensionnaires de l'hôtel; les clients extérieurs ne sont tout simplement pas admis... Et sous chaque sous-verre en papier, rappelant les règles de la maison, se trouve une petite phrase assassine du Dr Henn, qui ne manquait apparemment pas une occasion de se foutre de la gueule des clients qui ne cadraient pas avec son schéma. Un régal de cynisme croisé avec un humour à la Groucho Marx.

Dernier coup d’œil à la jungle de béton!

C'est donc là, dans cet hôtel au charme suranné, situé au milieu de la fourmilière urbaine mais au fond d'une impasse tranquille, que je passe mes derniers jours à Bangkok; il est déjà temps de refermer le livre de ce voyage bricolé à l'arrache comme jamais, plein de surprises, et comme d'habitude de découvertes fabuleuses. Je reviendrai certainement dans ce pays, ne serait-ce que pour revoir Nuat (et enfin visiter Bangkok, nom de Zeus!), et c'est la tête pleine de beaux souvenirs que je prend la route de l'aéroport.

A bientôt pour une prochaine aventure, les amis!


FIN 



samedi 26 avril 2014

The Beach... The Real One!

Après quelques jours passés à traîner sur Koh Lanta, je prend le bateau en direction de Koh Phi Phi (ou KPP comme les locaux aiment bien l'écrire sur les t-shirts), environ une heure de traversée sur un bateau rapide. C'est en fait un minuscule archipel dont seule l'île principale, Koh Phi Phi Don, est habitée. Quasiment toute l'activité touristique est concentrée sur la mince bande de terre reliant les deux extrémités de l'île; on passe ainsi d'une plage à l'autre en quelques minutes. Je vous laisse imaginer dans quel état le tsunami de 2004 a laissé l'ensemble, avec une vague de près de six mètres de haut, causant dans les 5300 morts, locaux comme touristes.

La plage servant de port, et ses Long Tail Boats alignés.

La reconstruction a été rapide... Et complètement chaotique. Le pire comme le meilleur se côtoient allègrement, et les infrastructures de tout acabit se construisent frénétiquement à côté de sites abandonnés, inachevés, voire des reliques de la catastrophe. Apparemment, ça ne change pas grand-chose pour qui que ce soit: c'était déjà pareil avant le tsunami...

 Les couleurs de Kho Phi Phi.

Heureusement, le paysage hallucinant est là pour vous faire oublier ce massacre. Car c'est une des plus belles îles qu'il m'ait été donné de voir; non seulement l'eau cristalline et les plages de sable blanc sont bien au rendez-vous, mais ces criques sont séparées par des falaises de calcaire noyées dans la végétation qui plongent directement dans la mer... Jamais je n'ai vu un paysage balnéaire aussi majestueux, mais le spectacle prend réellement toute sa splendeur si l'on se rend sur la petite île voisine de Koh Phi Phi Ley, devenu un parc national et totalement dépourvue d'hôtel. Ce qui n'empêche pas la situation d'être je pense écologiquement tendue; étant une des plus belles îles au monde, elle attire toute la journée un flot ininterrompu de touristes amenés par une armada de Long Tail Boats et des dizaines d'embarcations ultramodernes d'agences touristiques, dotées de motorisations démesurées. 
 
Maya Bay, sur Kho Phi Phi Ley...

Il faut dire que l'attraction principale, Maya Bay et sa plage, est devenue célèbre dans le monde entier en tant que lieu de tournage du film The Beach, avec Leonardo Di Caprio... Ce qui d'ailleurs produit un paradoxe intéressant pour ceux qui connaissent l'histoire, puisqu'on y suit un jeune routard à la recherche d'une plage isolée et parfaite; et une fois trouvée, il faut préserver le secret à tout prix... Dans la réalité, le secret ayant été éventé par le film, les touristes n'ont qu'une heure pour en profiter, ou la plage serait entièrement recouverte sous le flot des nouveaux arrivants...

... Et Maya Beach, "The" Beach!

Une rumeur continue d'ailleurs de courir sur le tournage, comme quoi les vilains américains (même si c'était une coproduction avec l’Angleterre, le réalisateur Danny Boyle n'ayant rien d' américain) auraient saccagé le paysage pour les besoins du film. Rumeur vigoureusement démentie par Nuat lui-même (qui soupçonne une jalousie anti-westerners), puisqu'il a participé à cette production: il était sur place! En guise de saccage, l'équipe a planté des arbres, et évidemment ne les a pas arrachés ensuite... 

Eau émeraude et falaises de granit...

Mais il n'y a bien sûr pas que Maya Beach qui mérite l'excursion, l'île et ses eaux vertes fluorescentes, d'une transparence parfaite, étant magnifique sous toutes ses coutures, falaises et petites criques presque invisibles, et tout ce que l'on peut regretter c'est la vitesse à laquelle se déroule l'excursion...
 
La plage de toutes les fêtes!

La nuit venue, le touriste ne se repose pas pour autant, une des plages de KPP étant le théâtre d'une bacchanale sonore, visuelle et alcoolique peu commune, dont les décibels se répercutent à des kilomètres de là. Musique à fond, jongleurs de feu, lightshow sur le sable, c'est la folie jusqu'à trois heures du matin... Je me suis choisi complètement par hasard un bungalow bien éloigné, au prix d'une montée vertigineuse à flanc de colline, mais je me demande bien comment le pauvre type qui n'aime pas la musique électronique et qui a une chambre avec vue sur la plage peut survivre à ça... A leur décharge, les propriétaires font parfois là un petit effort de qualité, et pour la première fois j'ai pu apprécier le set d'un DJ local qui s'est avéré vraiment très bon... Tout espoir n'est pas perdu!

jeudi 24 avril 2014

Return to the islands

Trains, bus, ferry, tout est bon pour retourner vers les îles, et après une journée et demie de voyage éprouvant depuis Hua Hin, j'arrive enfin à Koh Samui.

Au début du XXe siècle, la famille royale avait sa propre salle d'attente à la gare de Hua Hin...

Délaissant la plage paraît-il bondée et bruyante de Hat Chaweng, où la fête bat son plein tout les soirs, je m'arrête quelques kilomètres avant, à Hat Lamai, et déniche une série de bungalows quasiment sur la plage, où règne un silence total malgré la route principale à 20 mètres de là... Après avoir parcouru tant de route engoncé dans tous ces véhicules, l'endroit me paraît paradisiaque et je me repose là pendant deux jours.

Juste devant mon bungalow, à Koh Samui.

Après récupération, je suis mûr pour affronter Koh Phangan, une autre île toute proche, quasiment dépourvue de route et donc de véhicules, mais où la frénésie touristique est proche de son paroxysme; en effet, dans quelques jours c'est la pleine lune, et à cette occasion tous les déjantés de passage viennent se défoncer sur la plage de Hat Rin Nok (ou Sunset Beach comme l'appellent les westerners) durant la traditionnelle Full Moon Party... Etant donné qu'au fil des années ce petit délire balnéaire est devenu une industrie démesurée, toutes les chambres sont prises d'assaut pour la date fatidique et comme je n'ai évidemment rien réservé, je suis prié de dégager avant la fête; mais de toute façon c'est déjà une véritable succession de bar-clubs à ciel ouvert, et dès la tombée de la nuit les décibels l'emportent sur le bruit des vagues (et à de rares exceptions près sur la qualité de la musique également), chaque parcelle de sable se transforme en lounge ou en dancefloor éclairé par des torches pour les uns et des lightshows pour les autres, et l'alcool coule à flot sous le ciel étoilé déchiré par intermittence d'un rayon laser vert... 

Sunset Beach, Koh Phangan.

Heureusement cela reste encore assez contenu, du fait de la relative petite taille de la plage, assez belle au demeurant, même si durant la journée le taux d'occupation est assez important, sans parler de la cohabitation avec des dizaines de long tail boats dont les propriétaires harcèlent les touristes pour les emmener en excursion.

Après deux jours de ce régime fort en u.v. et en mégawatts, il est temps pour moi de quitter l’île et de traverser le pays dans toute sa largeur (quelques heures de bus à ce niveau) pour passer du Golfe de Thaïlande à la mer d'Andaman, et de retrouver Pierre alias Nuat à Koh Lanta

Le port de Koh Phangan au petit matin.

Retrouvailles chaleureuses on s'en doute, même s'il est toujours en train de tourner comme une toupie pour gérer ses différentes activités, et malgré le fait qu'en quelques semaines le nombre de touristes sur l'ìle s'est effondré (et que donc tout tourne au ralenti). En effet les agences et les médias continuent de faire une distinction bien marquée entre saison sèche et saison des pluies (dans laquelle nous sommes précisément), et tout le monde s'imagine une mousson à l'indienne, noyée sous d'interminables pluies diluviennes; alors qu'en réalité quand il pleut, c'est la plupart du temps la nuit, et rarement plus d'une heure ou deux.
En tout cas la sécheresse constatée lors de mes premières semaines en Thaïlande est nettement moins dramatique, et dans la région tout semble revenu à la normale; Koh Lanta est maintenant recouverte d'une véritable jungle qui fait plaisir à voir... 


samedi 19 avril 2014

Sin City Blues

Après quelques heures de minibus, dont la moitié sur des autoroutes aériennes survolant Bangkok et sa banlieue, me voici donc de retour au bord de la mer, ce qui est très bien (ça commençait à me manquer une bonne étendue d'eau), dans la pittoresque cité de Pattaya, et ça... C'est moins bien!

Si la ville elle-même est loin d'être désagréable, plus on se rapproche du front de mer et plus cela tourne au bazar, chaque rue et ruelle croulant sous les hôtels, guesthouses, bars, restaurants, magasins et salons de massage - des vrais massages, certes, comme on s'en voit proposer dans tout le pays, mais là cela tourne à l'absurde avec parfois quatre ou cinq salons côte à côte dont les employées ne cessent d'interpeller chaque passant. Une fois sur le front de mer, s'ajoute à cela des centres commerciaux plus petits, mais parfois aussi rutilants que ceux de Bangkok. On se jette sur le quai pour profiter de la plage (mince bande de sable jaune recouverte d'un nombre incalculable de parasols) pour se retrouver face à une étendue d'eau brunâtre peu avenante ressemblant plus à une sortie d'égout qu'à un paradis tropical. Je suis loin d'être difficile, mais là il faudrait me payer cher pour me baigner là-dedans... Mais dans ce cas, que sont venues faire ici des familles entières de touristes? Au bout d'une semaine de ce triste spectacle, retourner travailler doit être un véritable plaisir, même si on habite Dunkerque.

Je laisse tomber les quais en me disant qu'au moins la nuit va apporter d'autres motifs de réjouissance, ne serait-ce que pour l'ambiance de folie promise, et une multitude de bars passant de la bonne musique pour attirer le fêtard et le pousser à consommer plus que des cocktails, las... La rue la plus courue, censée être un condensé survitaminé de Sodome et Gomorrhe, est arpentée par des familles avec des poussettes, des cars d'asiatiques faisant un arrêt de quelques heures appareil photo à la main; les filles des go-go bars font les pitres devant leurs établissements désespérément vides, la carte des Happy Hour du jour à la main; les travelos sont à deux doigts de kidnapper des passants pour remplir les cabarets; la musique dans les bars est tellement conventionnelle qu'il faudrait déjà être bourré pour lui porter un semblant d'attention, ou le fait de groupes Live s'époumonant devant une salle quasi déserte; et pourtant la rue est bondée de touristes tournant en rond en essayant de trouver un intérêt quelconque quelque part... Seuls peut-être quelques Russes y trouvent leur compte, deuxième ethnie la plus représentée dans cette rue après les Thaïs, qui ont certainement eu l'idée d'annexer la Crimée après avoir victorieusement annexé des dizaines de bars et restaurants le long de la rue. Pas beaucoup plus fréquentés, d'ailleurs...
Bref à une heure du matin, la situation ne s'améliorant pas, je décide de rentrer étouffer dans ma chambre d'hôtel, et de partir dès le lendemain. Pattaya est une vieille pute fatiguée qui abuse des cosmétiques mais pas assez du parfum, et qui se réveille avec un mal de crâne à 14 heures du matin... Jessica Lange l'incarnerait très bien, un verre de whisky bon marché à la main, bien qu'encore trop photogénique; Pattaya ne donne même pas envie de la prendre en photo. Si vous voulez voir de la débauche, de la vraie, il faudra chercher ailleurs, mais plus ici...
  
Ayant décidé de rentrer en Europe à la fin de mon visa, le temps commence à me mettre la pression, et il faut que je donne un nouveau coup d'accélérateur si, comme je le lui avais promis, je veux retourner voir Nuat une dernière fois. Je reprends un bus en direction de Bangkok, et une fois là un autre pour me retrouver de l'autre côté du Golfe de Thaïlande - une de ces passionnantes journées où le routard passe tout son temps en déplacement, le cul dans un siège. Arrivée en fin d'après-midi à Hua Hin, station balnéaire réputée et d'ailleurs la plus ancienne du pays. Effectivement sympathique, mais le bord de mer - dépourvu de plage mais alignant guesthouses et restaurant sur pilotis - commence à ressembler à un Paï urbain qui voudrait devenir Pattaya quand il sera grand...

Pas de quoi y passer plus d'une nuit. Demain, je continue ma route...
  

lundi 14 avril 2014

Bangkok, phase 1

Choisir un endroit où se poser à Bangkok est un véritable casse-tête. Une ville dix fois plus grande que Paris, avec autant de population que la Suisse entière, à peu près le même nombre de véhicules générant des bouchons hallucinants et des transports publics fragmentés entre bus, métro, trains et bateaux, si on se plante, il ne reste plus que le taxi... Ou les tuk-tuks si on ne va pas trop loin.

Bangkok!

Après une bonne prise de tête, j'opte finalement pour gagner la capitale en train depuis Ayutthaya, la gare centrale étant proche du métro, lui même connecté au Skytrain, le métro aérien de Bangkok; et comme le guide recommande une guesthouse bon marché atteignable à pied depuis la gare, elle-même en bordure du quartier chinois, tout semble s'emboîter sans problèmes majeurs.

... Son Skytrain, ses artères bouchées...
 
D'ailleurs le Skytrain à lui tout seul est une attraction qui vaut le détour. Ces immenses lignes qui survolent Bangkok, obstruant parfois le ciel d'une rue complète, avec ces immenses piliers ancrés à intervalles réguliers au milieu de la route ont dû être un cauchemar à construire; les passerelles pour piétons accrochées juste en-dessous permettent de marcher des kilomètres sans toucher le sol; et sous ce ciel de béton la faune des sans-abris, petits vendeurs et valse des tuk-tuks continue comme si de rien n'était... Ajouter à cela les centres commerciaux high-tech des beaux quartiers et les écrans géants crachant leur publicité sur les façades d'immeubles, et vous vous retrouvez en plein dans le film Blade Runner

... Ses vendeurs de rue sous son ciel en béton...
     
Si la vie grouille là-dehors, elle grouille aussi sur le matelas de ma minuscule et étouffante cellule dont l'air chauffé à blanc est mollement battu par un ventilateur démesuré pendu au plafond. Dans cette atmosphère de série B, je me fais dévorer par des punaises, engendrant des boutons et marques monstrueuses qui démangent terriblement et dont certains virent à la cloque - et comme je n'ai pas d'aiguille avec moi je me les charcute au couteau suisse. Comme j'ai aussi été piqué aux pieds, je peux à peine marcher, ce qui ne facilite pas la visite de la ville... Effet secondaire de ces piqûres, je ne dors plus, et après avoir changé d'hôtel (et de quartier aussi d'ailleurs) je mets deux jours à me remettre sans rien faire d'autre que de errer dans les incroyables centres commerciaux hyper-climatisés tout proches et d'aller au cinéma, dans les multiplexes se trouvant dans les centres commerciaux eux-mêmes... Comme ils sont parfois connectés entre eux, il faut  presque un GPS pour s'y retrouver - et retrouver la rue.
 
... Et ses tuk-tuks de luxe pour hôtel de luxe! 

Voilà qui a ruiné ma première approche de Bangkok; je décide donc de continuer ma route en cicatrisant, et de continuer la visite à mon retour, avant de prendre l'avion. Cap sur Pattaya et sa sulfureuse réputation, à quelques heures de bus de là; au moins, dans l'état où je suis, il me suffit d'enlever mon t-shirt pour couper court à toute tentative d'approche de la part de la faune locale...

jeudi 10 avril 2014

Ayutthaya

Après la grosse baffe culturelle de Sukothai, je continue mon voyage dans le temps en faisant une escale à Kamphaeng Phet, petite ville possédant elle aussi des ruines inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco. Ce petit royaume, contemporain de Sukothai, a perduré jusqu'à l’avènement de son successeur, Ayutthaya, et comptait lui aussi sur un mur fortifié à la manière de Chiang Mai, qui est toujours visible aujourd'hui, même si la plupart des portions restent aux trois quarts ensevelies; quand aux ruines, moins bien conservées et restaurées que celles de Sukothai, elles font pâle figure comparées à celles-ci, même si l'on se doute bien de leur splendeur de l'époque.
Mais c'est à Ayutthaya que se trouve  le témoignage le plus impressionnant du passé. Capitale du Siam depuis la chute de Sukothai, elle ne fut prise par les birmans qu'en 1767, d'où certainement la conservation exceptionnelle de certains temples. Le premier que je visite, sans trop savoir à quoi m'attendre, est le Wat Phra Si Sanphet; trois chedis monumentaux trônent au milieu de ce qui me semble être un immense champ de ruines éparses, jusqu'à ce qu'une maquette du lieu au temps de sa splendeur ne me fasse comprendre que tout ceci formait le Palais Royal, temple compris... 

les trois chedis du Wat Phra Si Sanphet

Je reste bouche bée devant le génie architectural de ce peuple ayant vécu il y a plus de 650 ans; on a même retrouvé sur le site les restes de canalisations en céramique, alors que l'Europe, en plein moyen-âge, avait depuis des siècles oublié cette technique utilisée en son temps par l'Empire romain.

Juste en face du site se trouve le Wat Phra Ram, certes moins étendu, mais avec son prang démesuré (une sorte de chedi de type Khmer en forme d'épi de maïs) il est loin de passer inaperçu.

 Je continue en visitant le Wat Mahathat, autre monastère s'articulant autour d'un prang plus petit que le précédent, et ayant lui aussi été incendié lors de la prise d'Ayutthaya. On peut se demander ce que les Birmans pouvaient bien gagner à incendier un temple une fois pillé; après tout, stratégiquement, si les temples étaient laissés en état de fonctionner, c'était l'assurance de pouvoir revenir les piller à nouveau un jour où l'autre... Mais il est vrai que ce n'est pas les lampes à huile qui devaient manquer pour éclairer tout ce bazar, et il suffisait d'en renverser une pour bouter le feu à tous ces édifices, qui outre la brique recouverte de mortier utilisaient majoritairement le bois - sans parler des parquets certainement copieusement huilés aussi...

le Wat Mahathat et un Bouddha miraculeusement intact... 

Pour avoir une meilleure idée des techniques utilisées pour construire ces chefs-d’œuvre, il suffit de visiter ce qui est peut-être le plus impressionnant de tous ces sites, le Wat Chaiwatthanaram. En effet, il semblerait que celui-ci n'ait pas brûlé, mais ait été simplement abandonné après avoir servi de camp militaire. 

le Wat Chaiwatthanaram et son Prang principal haut de 35 mètres...

Malgré les pillages inévitables (à commencer par la réutilisation des briques du site par les villageois), on a donc la chance de voir ici des éléments en bois parfaitement conservés, d'autant que ce temple n'a été construit qu'en 1630; et les poutres étant encore solides, elles ont cette fois empêché les chedis plus petits de s'effondrer.

Le plafond en bois d'un Prang auxiliaire.

Voilà qui conclut mon intermède culturel; demain je quitte Ayutthaya et ses Tuk-Tuk à trois roues tout droit sortis d'un film de science-fiction des années 50 (d'ailleurs plus personne ne sait au juste d'où vient cette particularité locale), aux couleurs les plus flashy possible, du rose bonbon au vert pomme en passant par le bleu électrique. Et cette fois, ce sera futuriste façon Blade Runner: Direction Bangkok...

Les Tuk-Tuk entre Flash Gordon et Brazil...


mardi 1 avril 2014

Sukhothaï

Continuant mon chemin en direction du sud de la Thaïlande, j'arrive à Sukhothaï, un des sites archéologiques majeurs du pays, inscrit au patrimoine mondial de l'humanité depuis 1991.

Noyé dans la jungle durant cinq siècles...

Si ce n'est maintenant plus qu'un champ de ruines commençant à une douzaine de kilomètres de la nouvelle Sukhothaï, ce fut en son temps la capitale d'un immense empire, dont la splendeur perdura au fil des alliances de l'an 1238 jusqu'en 1438.

Une petite partie du plus grand temple: 206 m. de long sur 200 de large...

C'est d'ailleurs un des dirigeants de ce royaume, Pro Khun Ramkhamhaeng, qui serait l'inventeur de l'alphabet thaï, basé sur l'écriture manuscrite de l'Inde du sud de l'époque. En comptant lettres, chiffres et accents, plus de 80 signes totalement incompréhensibles aux yeux de tout occidental. Merci monsieur Ramkhamhaeng!

Statue du roi Ramkhamhaeng.

Ceci dit, le site est vraiment impressionnant, et de loin ce que j'ai vu de plus intéressant jusqu'ici en Thaïlande; et s'il est parfois difficile de s'imaginer ce que pouvaient bien être à l'origine ces formidables vestiges, des panneaux sont là pour montrer une reconstruction informatique du lieu à son apogée. De quoi finir de vous couper le souffle...

Petite statue de Bouddha... D'une douzaine de mètres de haut...

J'erre dans ces lieux pendant deux jours; une fois l'après-midi, à pied, sous une chaleur quasiment insupportable pour me donner une idée des lieux, et j'y retourne le lendemain matin, sur un vélo de location - comme la plupart des touristes, qui débarquent ici par cars entiers - pour profiter de la meilleure lumière. 
 
Autre vue du Wat Mahathat, le plus grand temple.

Malgré le nombre hallucinant de visiteurs locaux et étrangers, le site est tellement étendu que l'on a souvent l'impression d'être seul, et il règne ici un calme et un silence impressionnant... De quoi faire une bonne moisson de photos avant de continuer mon chemin...

Allez, un dernier Bouddha pour la route...


vendredi 28 mars 2014

On the run

Voilà des jours que je zappe comme un fou sur la carte, continuant d'explorer le nord de la Thaïlande, en m'arrêtant rarement plus d'une journée quelque part. Je suis revenu à Chiang Mai le temps de voir le Wat Chedi Luang. Un chedi, appelé aussi stupa dans l'arc himalayen, est une structure architecturale plus ou moins conique élevée à la gloire du bouddhisme; celui-ci est réputé pour avoir été le plus haut de la région, bien qu'après un tremblement de terre, une guerre et 570 ans, plus personne ne sache quelle était au juste sa taille originale. 

Le Wat Chedi Luang, Chiang Mai.

Je me rend ensuite à Pai, une petite ville dont la seule raison d'être semble être le tourisme. Comment cet endroit a-t-il pu se transformer en une telle concentration de bars, restaurants et guesthouses des plus basiques aux plus luxueuses, c'est un mystère; il n'y a là strictement rien à voir, sinon faire un break loin, très loin de la Thaïlande, la vraie, chose que font une quantité astronomique de touristes étrangers mais aussi locaux, qui ont d'ailleurs bien du mal à supporter les lacets quasi alpestres que les montagnes alentours, noyées dans la verdure, infligent à la route. Les jeunes westerners, eux, paient leur tribut en plaies et en égratignures; rouler bourré sur un scooter loué dans les ruelles bondées de Pai finit invariablement par alimenter le commerce pharmaceutique. Jamais vu autant d'éclopés que dans ce bled... 
 
Le petit pont de Pai... Éléphants s'abstenir. 

Si nombre de routards, les vieux de la vieille, se plaignent ô combien que c'était mieux avant, quand il n'y avait que deux cabanes et trois boeufs, personnellement, depuis mon petit bungalow bucolique entouré d'arbres et de silence à 50 mètres des bars, je trouve ça tellement bien que j'y passe trois jours pour me ressourcer un peu, et je ne m'y arrache qu'en me faisant violence. 

Prochaine étape Phayao; j'aurais bien continué encore plus au nord-ouest, mais la masse de touristes de Pai ayant pris d'assaut les transports publics, si je veux bouger, il ne me reste que le nord-est, moins couru. A Phayao, l'attraction principale est son lac, le Kwan Phayao, en fait une étendue marécageuse dont on contrôle artificiellement le niveau.

une délicate estampe peinte par la nature...

Si la ville n'a rien d'attrayant, les quais offrent effectivement un beau point de vue, et un coucher de soleil spectaculaire, qu'est d'ailleurs venu admirer un plein car de touristes français... Voilà au moins une destination originale pour le tourisme de masse...

Coucher de soleil sur le Kwan Phayao

Je continue ensuite en direction de Lampang, puis Phrae; de petites villes tranquilles ayant en commun d'avoir pour une fois conservé quelques bâtiments de leur passé, Phrae ayant d'ailleurs une vieille ville à l'origine assez similaire à Chiang Mai - douves et murs, mais avec un tracé un peu moins géométrique. 

 Lampang et la rivière Mae Wong.

Les vieilles bâtisses les mieux conservées se trouvent d'ailleurs là, à Phrae.

Une maison de notable de plus de 100 ans.

La plus belle d'entre toutes est la Vongburi House, dont la construction a commencé en 1897, et qui est maintenant transformée en musée.

 Vongburi House.

Plus je m'éloigne des voies touristiques bien tracées et plus les chambres d'hôtels sont miteuses (de guesthouses il n'y a plus guère, en tout cas dans mes prix), étouffantes, où je ne dors guère, plus personne ne capte l'anglais même petit-nègre, les restaurants se réduisent à trois casseroles à même le trottoir ou peu s'en faut, bref je sens que j'ai besoin d'un nouveau break; la prochaine étape devrait être bien adaptée pour reprendre un peu d'énergie...

vendredi 21 mars 2014

The Long Tail Boat

Depuis Tha Ton partent chaque jour, à midi et demi, des bateaux descendant le cours de la rivière Mae Kok jusqu'à Chiang Rai. Certainement un piège à touristes, la route étant à mon avis plus rapide, mais non seulement cela me change un peu des bus, mais c'est aussi une occasion de voir la Thaïlande sous un angle un peu différent... D'autant que de touristes, il n'y en a guère pour la saison; depuis la proclamation du couvre-feu à Bangkok, le nombre de visiteurs a chuté de façon alarmante. Du coup, à part moi, seul un jeune couple de langue allemande est candidat pour cette balade de quelques heures.  
 
L'embarcadère de Tha Ton.

C'est un bateau à moteur traditionnel, un Ruea Hang Yao (ou Long Tail Boat en anglais) qui nous emmène à Chiang Rai. La caractéristique commune de toutes les variantes de ces "bateaux à longues queues", qu'ils naviguent en mer ou en rivière, est d'être propulsés par un moteur à essence sans capot, faisant tourner une hélice se trouvant au bout d'une longue perche. Les avantages par rapport à un moteur hors-bord classique sont le prix, minimum cinq fois moins cher, la consommation nettement moindre, et le plaisir d'avoir à subir durant tout le trajet un bruit infernal...

Un Ruea Hang Yao.

Si les premiers kilomètres sont assez monotones et le paysage d'une platitude exaspérante, les alentours prennent vite du relief - ainsi que la rivière, d'ailleurs, si basse en cette saison sèche que la barque en touche quelquefois le fond; mais si notre marin d'eau douce ressemble plus, avec ses lunettes de soleil, au coréen Psy qu'à un pauvre pêcheur Thaï, force est de reconnaître qu'il connait par coeur chaque centimètre de son cours d'eau.

Un peu de fraîcheur...

Beaucoup de Thaïs, hommes, femmes et enfants, profitent de la fraîcheur de la Mae Kok, mais nous voyons aussi quelques bœufs, et même un éléphant sur la rive, même s'il n'était certainement pas sauvage, ceux-ci étant pour la plupart dans des parcs nationaux.

Le célèbre castor asiatique.

En chemin, nous faisons une pause dans une grosse boutique à babioles (et accessoirement restaurant) disposant de son propre quai sur la rivière, le temps de se dégourdir un peu les jambes. Il y a là, dans quelques petites cages bricolées de bois et de treillis métalliques, de pauvres pythons - dont deux albinos - destinés à être pris en photos avec des touristes. D'une bonne taille pour un cochon d'Inde, ces cages sont loin d'être adaptées à des créatures qui vous bouffent un caniche en hors-d’œuvre; Après avoir vu ce triste spectacle, je peux affirmer que oui, même un python peut avoir l'air de s'emmerder ferme. M'est avis que les défenseurs des animaux devraient regarder un peu plus loin que les éléphants...
Nous arrivons à Chiang Rai au milieu de l'après-midi; rien de bien particulier à voir dans cette ville, même si la rue où se concentrent bars et guesthouse est étonnamment tranquille, même si, la nuit venue, la moitié de ces bars se révèlent avoir aussi au menu des jeunes filles très avenantes envers les touristes de passage, dans une concentration que je n'avais encore jamais croisée jusque là. Qu'importe, demain, je reprends la route, au propre comme au figuré, pour un nouveau périple en bus...

mardi 18 mars 2014

Northern Thaïland

Sorti du coma après mon marathon des deux jours précédents, je découvre Chiang Mai. A sa fondation, en 1296, la ville était la capitale du royaume de Lanna; de forme parfaitement carrée, on l'entoura d'un mur (doté d'une porte de chaque côté du carré) pour la protéger des envahisseurs birmans, et immédiatement devant ce mur on creusa des douves. Étonnamment une bonne portion de ces murs existent encore, et les douves ont survécu au passage du temps, renfermant ce que l'on appelle maintenant la vieille ville.

Une porte de Chiang Mai: 700 ans et ça tient toujours...

Malheureusement, à l'intérieur de ces fortifications, plus rien ne subsiste des anciens bâtiments, mis à part quelques temples immuables. La vieille ville est bien agréable avec ses petites ruelles verdoyantes dissimulant guesthouses et restaurants, voire quelques bars alléchants sur les rues principales, mais ça ne saurait suffire à me retenir. Après deux jours de récupération, je décide de pousser encore plus au nord, même si il me reste encore à voir le plus beau temple; je suis de toute façon quasi obligé de repasser par là un jour ou l'autre.

Je prends donc le bus pour Chiang Dao, à une heure et demie de là, dans une région plus montagneuse et dominée par le pic du Doi Chiang Dao (Doi signifiant montagne en Thaï), à 2195 m. d'altitude. Malgré la sécheresse ambiante, dans ce climat censé être de plus en plus luxuriant, le sommet est noyé dans une brume translucide omniprésente; qu'importe, le spectacle est aussi sous la montagne. Il y a en effet là un dédale de grottes que l'on peut visiter, intégré à un complexe de temples bouddhistes; les grottes ont ici un caractère quasi sacré, et contiennent la plupart du temps des autels et des statues de Bouddha. J'y croise d'ailleurs un moine priant seul, debout devant une stalactite, s'ingéniant à en recueillir les quelques gouttes d'eau en suintant dans une bouteille en plastique pour la boire aussitôt; un exercice certainement très profitable à la paix de son esprit, mais je ne suis pas sûr que ses entrailles puissent en dire autant... 

Prière dans la grotte de Tham Chiang Dao

Le laissant à son empoisonnement mystique, je visite la première des quatre grottes - le labyrinthe s'enfonce à plus de dix kilomètres sous la montagne - la seule éclairée, mais crûment, au néon, sans aucune mise en valeur du site, ce qui est bien dommage, même si l'atmosphère reste assez magique.   
Après une nuit incroyablement glaciale après la chaleur étouffante de la journée, je quitte presque à regret mon magnifique petit bungalow perdu dans un grand jardin, et retourne à la civilisation pour continuer ma route. Bus pour Fang, puis une heure et demie plus tard changement au terminal pour monter dans un sorng taa ou (pick-up utilisé comme un minibus, voire comme un taxi, moyen de transport très courant en Thaïlande). 

Le Dahu thaï des routes: le sorng taa ou.

Quarante minutes plus tard, arrivée à Tha Ton (mais  en plein jour... Ok, c'est nul...), petit hameau s'étirant le long de la route menant à la frontière birmane, désormais toute proche.

Thaton et son pont sur la Mae Kok

En ce qui me concerne, je ne  suis pas là pour la frontière, car même si passer en Birmanie me fait rêver, je doute que ce soit possible sans visa; je compte au contraire redescendre dès le lendemain la rivière Mae Kok jusqu'à Chiang Rai...


dimanche 16 mars 2014

Minibus, ferry, bus & train

Au prix d'un effort surhumain, j'ai enfin réussi à m'arracher de Koh-Lanta, direction le nord, tout au nord du nord du pays, même. Pour commencer, quelques heures de route en minibus plus deux ferrys pour quitter l'île et rejoindre Surat Thani, petite ville près du Golfe de Thaïlande dont le seul intérêt est d'avoir un terminal de bus dont les express à deux étages permettent de rejoindre Bangkok en une douzaine d'heures. 

Je n'ai rien demandé, mais (pour un prix dérisoire il est vrai) on m'a fourgué un billet dans la classe "VIP", une douzaine de sièges inclinables qui ont entre autres la particularité d'être situés immédiatement derrière la cabine de pilotage, et donc le privilège d'être pulvérisés les premiers en cas de collision frontale, et vu la vitesse légèrement aberrante du missile roulant, les corps n'auront plus qu'à être faxés au familles. Pour corser le tout, le chauffeur est un grand nerveux prenant très à cœur la trajectoire de son projectile; gêné en pleine nuit par un semi-remorque à la conduite erratique, il s'arrête une première fois pour engueuler son conducteur, et lorsque celui-ci s'en va, le rattrape et roule à côté de lui pied au plancher pour continuer de l'insulter par la fenêtre... La réplique du camionneur n'ayant pas dû lui plaire, il finit par le dépasser pour lui faire une queue de poisson afin de l'obliger à s'arrêter - et donc tout ceci avec un autobus bondé, je vous le rappelle. Le chauffeur et son aide finissent par sortir du bus armés d'une barre de fer, et je vois tout ce joli monde gesticuler en théâtre d'ombre projeté sur la route par les phares du camion.

Une fois le sort du camionneur réglé, de quelque manière que ce soit, les deux conducteurs remontent dans le bus mais le chauffeur, loin d'être calmé, continue à hurler dans son habitacle pendant des kilomètres. Pierre m'avait prévenu: les thaïlandais sont des gens gentils et souriants... 
Heureusement, une fois arrivé à Bangkok - car oui, nous y sommes tous arrivés sains et saufs - j'avais prévu pour varier un peu de changer de moyen de transport. Comme d'habitude, dès la sortie du bus, une nuée de chauffeurs de taxis sauvages me repèrent et se jettent sur la proie facile du touriste désorienté et fatigué; mais je me doute bien que comme la plupart du temps, les taxis officiels dotés de taximètres m'attendent à la sortie du terminal. Direction la gare centrale, et j'achète un billet pour Chiang Mai. Je m'attendais vaguement à affronter une fourmilière en folie, et c'est calme, propre, et tout est clairement indiqué; en cas de besoin, une hôtesse derrière un bureau posé à même le quai est là pour dissiper vos derniers doutes: un vrai plaisir.

Moins plaisant est par contre l'état du réseau ferré, et je comprends pourquoi on se traîne à la moitié de la vitesse d'un bus: ça secoue à peu près quatre fois plus fort, et la pauvre employée poussant son minibar à bien du mal à empêcher que ses bouteilles ne valsent à travers le wagon, sans parler de nous verser une boisson... Une fois le gobelet en main, impensable de le poser, il faut contrebalancer les cahots de la voie si l'on ne veut pas repeindre les alentours.

Heureusement, durant les douze heures du voyage, les accalmies sont de plus en plus nombreuses. Le paysage est uniformément plat pendant la majeure partie du trajet, parmi les champs et les rizières, puis commence à se vallonner et la voie se retrouve à serpenter dans une véritable jungle éclairée par le soleil couchant transformé en géante rouge; les voies étant en cours de remplacement, le train roule maintenant sur du velours. La végétation reste par contre d'une désolante sécheresse, car dans certaines régions voilà bientôt six mois qu'il n'est pas tombé une goutte de pluie, et le décor ne semble attendre qu'une étincelle pour se transformer en torche, alors que nous sommes clairement dans une zone tropicale humide...

Finalement, après 32 heures de voyage depuis Koh-Lanta, entrecoupé de quelques heures de mauvais sommeil, j'arrive à Chiang Mai vers 21 heures et m'écroule dans une chambre d'hôtel étouffante située dans la vieille ville. Je sais qu'il y a de meilleurs rapport qualité-prix, mais je changerai demain, après avoir récupéré un peu... 


samedi 15 mars 2014

Koh-Lanta way of life

Voilà des jours que je me suis laissé happer par la nonchalance ambiante, et j'ai bien du mal à me secouer. Je lis, je vais à la plage me baigner; et j'aime aussi regarder brûler les touristes européens qui passent du blanc spectral au rouge écrevisse en une journée, confondant le pâle soleil de la Mer du Nord avec cette fournaise si proche de l'équateur. Heureusement qu'il y a une bonne clinique dans le coin...
Entre deux quintes de toux de Pierre, qui se débat depuis deux bonnes semaines avec un refroidissement pénible à supporter dans un pareil climat (j'ai testé plusieurs fois et ce n'est pas une partie de plaisir), nous allons un après-midi faire un tour dans les mangroves, de l'autre côté de Koh Lanta.
 
Embarcations typiques dans les mangroves

Absolument aucune plage de ce côté, mais par contre un excellent petit restaurant sur pilotis, atteignable par une série de passerelles en bois et en béton qui surplombent la végétation.

Maison sur pilotis

La modeste famille thaïlandaise propriétaire des lieux ne cesse de l'étendre, agrandissant le restaurant, y rajoutant des chambres d'hôtes également sur pilotis, et construisant même des bassins contenant quelques espèces de poissons du coin pour que les touristes faisant un tour sur ces bras de mer puissent les voir de plus près et même les nourrir. Mais même sans cela, étant habitué à recevoir les restes du restaurant, un banc de poissons permanent attend sa pitance juste en-dessous des tables, comme des petits chiens affamés...   

A table!

Le samedi, Pierre étant en meilleure forme, nous retournons de l'autre côté de l'île pour aller à Old Town, le chef-lieu de Koh-Lanta, où se tient comme chaque année le Lantaa Lanta Festival. 
 
 Old Town

Dans cette petite ville à l'architecture d'influence chinoise bien préservée, ce festival entend être une vitrine des cultures locales (comme les Sea Gypsies ou Moken, des nomades des mers comptant à peine quelques milliers d'individus), mais c'est surtout une formidable débauche de nourriture et de boisson, qui passé minuit tourne au festival Electro quand les petits bars disséminés en périphérie sortent les platines et attirent les jeunes locaux les plus déjantés et les touristes qui comme nous cherchent à se décrasser un peu les oreilles, comme le dit si bien Nuat... Orgie de bonne House et de bière glacée au milieu de cette faune hilare, encore une nuit mémorable à Koh-Lanta; mais cette fois c'est décidé, il faut que je reprenne mon sac à dos et que je me bouge un peu... 


mardi 4 mars 2014

Indiana Jeff, mission: ราชอาณาจักรไทย

Continuant mon zapping planétaire, j'ai quitté l'Australie le 28 février pour me rendre à 14 heures d'avion de là - plus une escale intermédiaire de deux heures, roulé encore deux heures en minibus affrété spécialement pour moi, emprunté deux ferrys pour traverser des bras de mer, et tout cela pour arriver le même jour sur l'île  de Koh-Lanta, dans la mer d'Andaman, Océan Indien, province de Krabi, Thaïlande! Ce qui explique les caractères bizarres du titre, qui ne sont autres que le nom du pays en thaï... L'aventure commence dès la tentative de lecture des panneaux indicateurs...

Voilà très, mais très longtemps que je rêvais de rendre visite à Pierre, alias Pitou, alias Nuat (Moustache en Thaï), frère de mon pote de toujours Gilbert, et véritable arlésienne car l'on ne s'était que brièvement croisés il y a bien 35 ans de cela, quand je n'étais encore qu'un gamin (je veux dire physiquement pour de vrai; d'aucuns prétendent que mentalement c'est toujours le cas...). Au point que j'en étais venu à douter de son existence, mettant sur le compte de l'esprit tourmenté de mon ami (en plus d'une consommation excessive d'alcool et de café) la création de ce frère imaginaire.

Hé bien je peux le clamer haut et fort maintenant, il n'en est rien! Pierre existe réellement, je l'ai rencontré! et je dois dire que le rencontrer, c'est l'adopter, même si c'est lui qui a insisté pour m'adopter le premier. Bref il semblerait que nous nous entendions comme deux larrons en foire et même s'il est débordé de travail à cette période de l'année, chaque dernier petit verre nous ramène au bercail à des heures indues, hilares, et le matin nous surprend avec une langue hydrofuge sur laquelle on aurait en plus enfilé une chaussette.

Pour ceux qui n'ont  pas Facebook: la plus belle moustache de Koh Lanta...

A la fois calme mais débordant de projets et d'activités, source inépuisable d'anecdotes et d'aventures qui rempliraient plusieurs tomes d'une biographie, le bonhomme est un vrai personnage haut en couleurs; voilà maintenant plus de 20 ans qu'il vit en Thaïlande, parle parfaitement le Thaï, et sera donc une précieuse source d'information pour découvrir ce pays dans les meilleures conditions... Si j'arrive à m'arracher un jour à la douceur de vivre ambiante et à la magnifique villa dans laquelle il m'a installé, et dont le balcon à la vue époustouflante est à lui tout seul plus grand que tous mes précédents appartements...

Non, ce n'est pas la vue depuis le balcon...

La dernière réalisation de Nuat, comme on le connaît donc ici, est d'avoir fondé au début de cette année le premier club de pétanque de l'île, le Koh Lanta Pétanque Association... Ne riez pas, la pétanque est un sport national pris très au sérieux ici, avec des joueurs parmi les meilleurs du monde, loin de l'image papy/pastis/Provence que ce jeu détient, et tout cela grâce à la Reine Mère qui s'en est entichée lors d'un séjour en France, dans les années 50. D'ailleurs on ne rit pas de la famille royale, jamais, c'est passible de la prison... Donc vive la pétanque, et pour réussir mon intégration parmi le petit peuple et les soûlards d'expats, j'ai bien dû m'y mettre aussi. J'avais plutôt en vue le Muay Thaï, moi, comme sport de combat... Mais il faut dire qu'une boule de pétanque dans les gencives, ça calme pas mal aussi. 

Précision, rigueur et concentration au tournoi dominical.

Voilà où j'en suis, à jouer à la pétanque sous un soleil de plomb, ravagé par la bière, même pas eu le temps d'aller sur la plage... Cette fois c'est la fin. Indiana Jeff réussira-t-il à s'en sortir? Reprendra-t-il ses esprits pour tailler la route au mépris du danger? La suite au prochain épisode...   


mercredi 26 février 2014

Plan B from Down Under

Après les cocotiers, la jungle de béton...

Le centre depuis Darling Harbour

 Je suis de retour à Sydney pour préparer la suite des opérations; Patrice et Géraldine étant fort occupés avec la gestion des couches-culottes et autres biberons, je ne vais finalement pas les retrouver à Scotts Head. Et comme mon porte-monnaie, ne supportant pas le climat, fait ici une fièvre hémorragique pire que l'ébola, je décide de trouver un pays plus en accord avec sa santé déclinante. En attendant de fignoler le bricolage du plan B, je continue d'arpenter Sydney, faisant des kilomètres à pied, ce que mes jambes atrophiées par des jours de hamac apprécient modérément... Je me sens comme un cosmonaute rentrant de six mois de mission en apesanteur; je n'ai pas besoin d'exercice, mais de rééducation.
 
 Le centre toujours, mais vu de Circular Quay.

Je suis retourné me loger au centre, plus au centre encore même, dans une usine à backpacker, et après presque un mois de nonchalance tropicale, la frénésie du quartier des affaires - et de ses hordes de touristes - me fait tourner la tête plus encore que les pintes de cidre qui coulent à flot dans les bars. 

Vieux, neuf, tout se mélange...

Tout le contraire du dimanche qui voit les buildings désertés et le quartier transformé en décor post-apocalyptique que seuls quelques véhicules ou piétons égarés traversent lentement. Mais cette fois le temps est assez beau, et je peux enfin faire quelques photos, en commençant par les incontournables de la ville...

L'Opéra et le Harbour Bridge.

Et de trouver quelques curiosités en chemin...

Un cimetière de vieux immeubles?

Voilà, fin de la mission "Down Under". Prochain épisode dans quelques jours, depuis d'autres horizons lointains!